- passe-droit
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1 ♦ Faveur accordée contre le règlement (généralement, au détriment d'autrui). ⇒ privilège. « J'ai les passe-droits en horreur et ne veux profiter de rien que ma valeur n'ait mérité » (A. Gide).2 ♦ Vx Injustice subie par qqn malgré ses droits. Il « vengea les passe-droits faits à cet homme » (Balzac).Synonymes :- privilègepasse-droitn. m. Faveur qu'on accorde contre le droit, contre le règlement, contre l'usage ordinaire. Des passe-droits.⇒PASSE-DROIT, subst. masc.A. —Faveur, privilège que l'on accorde à quelqu'un à l'encontre de la règle ou du droit. Le jeune Chanot, docteur en droit, l'honneur de l'École, disaient ses professeurs (...); l'accès du parquet ouvert au jeune Chanot ne pouvait sembler un passe-droit (A. FRANCE, Orme, 1897, p.171). Il s'impatienta et voulut se lever, mais on le fit rasseoir: —Pas de passe-droit. Tu mangeras à ton tour (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.121). N'espérez pas, aux États-Unis, un passe-droit à la faveur d'un sourire ou d'un nom connu (MAUROIS, Journal, 1946, p.67).B. —Vieilli. Injustice commise à l'égard de quelqu'un en dépit de ses droits. Lorsque je pris ma retraite, vers 48, sur un indigne passe-droit qu'on m'avait fait, je n'avais pas encore l'âge de la réserve (FEUILLET, Camors, 1867, pp.76-77). S'intéresser à un compétiteur, c'est le plus souvent commettre un passe-droit envers son rival (RENAN, Souv. enf., 1883, p.366). Si les fonctionnaires sont accablés de passe-droits et sans moyen d'y remédier, ils pourront faire grève (BARRÈS, Cahiers, t.5, 1907, p.106).Prononc. et Orth.:[
], [pa-], [-
]. Hésitation pour la voyelle finale: DG [
], PASSY 1914 [
], WARN. 1968 [
], [a], Lar. Lang. fr., Lexis [a]. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. des passe-droits. Étymol. et Hist. 1546 (R. ESTIENNE, Dict. Latinogallicum, 708a cité par H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t.32, p.121: Droict rigoreux, quand... on ne fait aucun passedroict). Comp. de l'élém. passe- et du subst. droit. Fréq. abs. littér.:47.
passe-droit [pɑsdʀwɑ] n. m.ÉTYM. 1546; de passer, et droit.❖1 Faveur, grâce, privilège qu'on accorde à qqn contre le droit, le règlement (en général au détriment d'autrui). ⇒ Illégalité, irrégularité. || Sa nomination (cit. 1) fut un passe-droit. || Passe-droits et injustice (cit. 8).1 J'ai les passe-droits en horreur et ne veux profiter de rien que ma valeur n'ait mérité.Gide, Œdipe, II.2 (…) voulez-vous repasser lundi prochain, vers la fin de la journée ? Votre livre sera prêt. Je ne sais si vous vous rendez compte que c'est un tour de force; (il rit) ou plutôt un horrible passe-droit. Tenez ! (il montre les exemplaires disloqués sur la petite table). Ces volumes appartiennent à un de mes bons clients qui les attend depuis trois mois (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, VII, p. 74.2.1 Mais vous ne comprenez donc point que ces deux cent cinquante mille francs les aveuglent ! Ils parlent de favoritisme, de passe-droit. De là à prétendre que mon petit Albert touche la forte somme de la famille à laquelle il attribue Gaston il n'y a qu'un pas !J. Anouilh, le Voyageur sans bagage, p. 80.♦ Littér. Irrégularité tolérée. || De petits passe-droits appelés licences (cit. 9) poétiques.2 Vx. Injustice (cit. 11) subie par quelqu'un du fait qu'une personne l'emporte sur lui, tout en ayant moins de droits. || On lui a fait bien des passe-droits. || Accablé de passe-droits (→ Camarade, cit. 2).3 Popinot fut Juge-suppléant jusqu'au jour où le plus célèbre Garde des Sceaux de la Restauration vengea les passe-droits faits à cet homme modeste et silencieux par les Grands-Juges de l'Empire.Balzac, l'Interdiction, Pl., t. III, p. 21.
Encyclopédie Universelle. 2012.